Ces derniers temps, plusieurs décès de proches ont frappé les Associations Patriotiques de Saint-Aubin. Nous nous faisons un devoir d’évoquer ici, la mémoire de ces disparu(e)s.
Joël SCIEUR (70 ans), le 30 octobre 2020 – Resté fidèle à son village natal.
Un de ses membres actifs, depuis plus de deux ans.
Il était natif de Saint-Aubin, le 20 août 1950, il était l’époux de Martine Hilson, dont la maman, Marie Scieur était la fille d’Alexandre Scieur et Eva Brasseur, eux-mêmes anciens habitants du 30, rue des Fermes (actuellement Famille d’André Magotteaux). Les parents de Joël, Fernand Scieur et Emilie Lambot, eux, ont habité au 182, Rue de Hurtebise (actuellement Olivier Biard). Notre ami défunt a fait carrière comme conducteur d’autobus à la SNCV, devenue les TEC. Depuis de nombreuses années, il habitait Philippeville où il a joué un rôle associatif actif.
Depuis de nombreuses années, Joël et Martine participaient régulièrement aux commémorations patriotiques de Saint-Aubin. Le 06 mai 2018, notamment, il avait offert au Royal Harmony Jazz Band Les Amis Réunis, une photo de son frère Jean, un de ses anciens musiciens, mort en service commandé, dont le nom et le portrait figurent sur le monument aux morts.
Joël avait été très opérant dans l’organisation des commémorations 80ème 40-45, modestement clôturées le 25 octobre dernier et finalement reportées à 2021, suite aux circonstances sanitaires.
En réunion du 20 août dernier, il avait, en petit comité privé, tenu à honorer son septantième anniversaire. Personne, à ce moment-là ne pouvait prévoir sa si rapide disparition.
Paul SOBOL (94 ans), le 17 novembre 2020 – Le dernier passeur de mémoire.
Le décès de Paul Sobol, à l’âge de 94 ans, ne peut laisser indifférent. Miraculé de la Shoa il n’a cessé de témoigner des horreurs vécues, mais aussi de sa volonté de garder confiance en l’avenir.
Le 19 mars 2010, le comité des Associations Patriotiques de Saint-Aubin a eu l’honneur de le recevoir, en même temps que M. Jean-Marie Vanden Eynde, rescapé de la rafle de Thy-le-Château du 31 juillet 1944 et du camp de Neuengamme.
Dans une salle Saint-Pierre comble, majoritairement des jeunes venus des écoles libres et officielles de Florennes, ainsi que de l’Athénée Royal de Philippeville, M. Sobol captive son auditoire par la simplicité, l’humilité et la dignité de ses propos. En juillet 1944, au moment de sa déportation, il a 18 ans, l’âge qu’atteindront bientôt la plupart de ses auditeurs. « Fermez les yeux, et imaginez », leur dit-il !
Il a fait partie du dernier convoi belge vers Auschwitz, transféré, ensuite à Dachau, d’où il s’est évadé.
Il a perdu toute sa famille. Orphelin de guerre, seul au monde, jeune juif non religieux, il se convertit au catholicisme pour pouvoir épouser celle qu’il aime.
Il n’a eu de cesse que de témoigner de son vécu, non sans appeler les jeunes à garder espoir en l’avenir et surtout, en eux-mêmes.
Léon BLAVIER (93 ans), le 03 décembre 2020 – Le premier Bourgmestre du grand Florennes, un passionné de son village natal.
Né dans une famille de souche locale « pur jus », il ne pouvait pas passer à côté des activités qui animaient ses parents, ses frères et sœurs. – En premier lieu, la musique et le théâtre rassemblés au sein de l’association « Amis Réunis – Union et Progrès ». Toute la famille y était mobilisée !
Léon est aussi tombé dans le bain de la politique locale avec un père deux fois Bourgmestre de son village. Lui-même a été Bourgmestre et Echevin de la nouvelle commune de Florennes, deux mandats durant. Il a aussi été conseiller provincial.
Son attachement à Saint-Aubin s’est traduit par une participation régulière aux multiples activités qui s’y déroulaient. Le plus souvent, son épouse Monique l’accompagnait. Il manifestait un indéfectible attachement à toutes les cérémonies patriotiques, spécialement celles marquant les tragiques événements que le village a connus en mai 1940.
À souligner, aussi, le chaleureux accueil que Léon a réservé à tous ses visiteurs à la « Résidence des Fagnes », à Doische, où il a connu une fin de vie heureuse et où il laissera un souvenir marquant.
Le 15 octobre 2019, il nous a livré ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, durant la guerre 40-45. Son témoignage audiovisualisé restera une trace vivante.
Philippe DE RIDDER (64 ans), le 14 décembre 2020 – Un grand patriote.
Le décès de Philippe De Ridder, touche tous ceux et celles qui oeuvrent au service du « travail de mémoire ».
C’est en 2013 qu’il s’implique pour la première fois à Saint-Aubin, dans le cadre du projet de commémoration du centième anniversaire du début de la guerre 1914-1918. Une fructueuse collaboration s’en est suivie, Philippe mettant à disposition toutes ses connaissances sur le conflit. Son érudition sans failles sur le sujet a aidé à concevoir une mémorable exposition évoquant l’histoire des onze anciennes communes de l’entité florennoise. Sa collection personnelle d’objets, d’armes, d’uniformes, de documents …en a été l’ « épine dorsale ».
Plus tard, en mars 2017, il a participé activement à l’identification et à la récupération, à Romedenne, de seize croix provenant de l’ancien cimetière militaire 14-18 de « La Maladrerie », à Saint-Aubin. En septembre 2018, il a pris part activement à leur inauguration.
Avec son épouse, Micheline, il a participé à deux voyages de mémoire organisés par le comité saint-aubinois.
En outre de ses parfaites connaissances historiques et techniques des événements de la 1ère guerre mondiale, il portait à la mémoire des combattants et autres victimes du conflit, une touchante attention, leur consacrant, notamment, plusieurs ouvrages et inventaires.
Il fut aussi un indéfectible patriote.
Charles VANDERMEYSBRUGGEN (93 ans), le 15 janvier 2021 – Valeureux représentant de la RAF.
Charles s’en est allé discrètement et avec le sourire, comme sur sa photo « d’au revoir ».
Durant de nombreuses années il a manifesté une indéfectible fidélité aux différentes cérémonies du souvenir, à Florennes et partout ailleurs où la mémoire d’anciens compagnons d’arme était honorée.
A plusieurs reprises il s’est joint aux commémorations saint-aubinoises, avec ses fidèles coéquipiers, René Dubray et Willy Coulbeaux, pour porter fièrement les couleurs de la RAF. Il a rejoint celle-ci à l’âge de 17 ans et a effectué toute sa carrière militaire à la base aérienne de Florennes.
Lucienne MASSET (102 ans) – Une mémoire Saint-Aubinoise.
Elle n’a pas fait partie des dix témoins 40-45 saint-aubinois(es), interviewé(e)s en 2019. Par contre son frère, Firmin, 91 ans aujourd’hui, nous a livré ses souvenirs, évoquant au passage, sa sœur centenaire. Celle-ci est le troisième enfant d’une fratrie de six, dont cinq garçons : Raoul, Joseph, Jules, Léon et Firmin. Les quatre premiers ont été simultanément déportés durant cinq ans, en Allemagne. A noter, encore, qu’avant cette indicible épreuve, la maman, née Cécile Dupéroux, avait connu le drame du sauvage assassinat, par la furia teutonne, de son frère Louis Dupéroux, le 26 août 1914.
La famille Masset a fortement marqué la vie saint-aubinoise. C’est à ce titre que le décès de Lucienne la touche particulièrement. Firmin est le dernier représentant de cette génération 40-45. Nous souhaitons le revoir bientôt en son village natal.