Saint-Aubin – 07 novembre 2021

Commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918

« Si la mort n’a pas de sens

Il faut lui donner une mémoire

Commémorer pour penser à demain

Pour réfléchir et agir, pour changer

Pour tolérer et respecter

Pour espérer après les larmes et les souvenirs. »

Vu dans une classe de 4e secondaire, à Ath.

Le comité des Associations Patriotiques vient de commémorer le 103e anniversaire de l’Armistice.  Les autorités communales ont répondu à l’invitation.

Un office religieux, à la mémoire des victimes de la guerre.
Le  Chanoine-Doyen de Florennes Philippe Masson a célébré un remarquable office, ponctué par l’émouvante lecture  d’une lettre du 18 octobre 1915, du soldat Le Denen, à son épouse. Il l’exhorte à comprendre que les soldats ennemis ne sont pas tous mauvais et que, comme lui, il y a des pères de famille ou de jeunes innocents envoyés au casse-pipe. Le célébrant soumet aussi à la méditation, une citation lue dans une classe de 4e secondaire à Ath.
Ces deux textes sont reproduits ci-contre.

La visite au monuments aux morts des deux guerres.
Le Royal Harmony Jazz Band Les Amis Réunis et plusieurs drapeaux patriotiques ont accompagné le cortège vers le monument. Après un discours de circonstance et l’appel des morts, celui-ci a été fleuri au nom de la commune de Florennes et du comité des Associations Patriotiques.
Ce fut l’occasion, d’annoncer le copieux programme de la prochaine commémoration quinquennale, en mai 2022, des tragiques événements de mai 1940.

Un amical verre de l’amitié.
Cette chaleureuse commémoration s’est clôturée par un non moins amical verre de l’amitié, toujours rehaussé par la prestation du Jazz Band local.
Dans son discours, le Bourgmestre, très marqué également par l’homélie de l’Abbé Masson et par l’évocation des cinq jeunes victimes saint-aubinoises de la grande guerre, a souligné l’engagement indispensable du comité organisateur dans la poursuite du travail de mémoire.

« Chère petite Aimée,

Je suis fort surpris de t’entendre parler comme tu le fais au sujet du

Prussiens. Toi qui as du cœur. Certes ils ne sont pas tous bons il y en a qui sont de vrais bandits. Si tu voyais les maisons où ils passent, moi-même, tout en étant habitué, j’en frissonne d’horreur et le cœur me saigne en pensant aux pauvres ouvriers qui ne retrouveront rien de tout ce qui est leur unique avoir. Mais il y a des Français qui sont aussi lâches car ils finissent tout ce qui reste. Ne dis pas ces mauvais Allemands certes ce sont eux qui sont la cause de nos souffrances mais ils sont forcés par les chefs qui les contraignent à le faire. Mais les chefs du pouvoir ennemi, eux, oui, sont maudits par leurs hommes et nous-mêmes.

Mais ces pauvres pères de famille, nous en avons fait prisonnier un l’autre jour qui a huit enfants en bas âge, ces adolescents de 17 ans que l’on envoie sur le champ de bataille, ces jeunes maris qui laissent une femme aimée au pays, ceux-là ne doivent pas s’appeler les maudits car ils ont coûté bien des larmes à leurs mères qui ont tant peiné pour les élever et qui ont coûté aussi cher que nous à mettre au monde. D’ailleurs le bon Dieu qui est bon ne les aime-t-il pas tous autant que nous ? Il ne nous a pas créés de race inférieure à l’autre et nous sommes tous aussi chers à son cœur. Aussi si par moments en voyant tout le mal qu’ils font je me révolte publiquement, j’entends aussitôt une voix intérieure qui me dit : « fais le bien pour le mal, sois meilleur qu’eux » et je reprends mes sentiments naturels et je les plains en pensant aux responsabilités qu’ils auront plus tard. Si je fais la guerre, je veux la faire honnêtement et sans ressentiments. Si je me bats, c’est pour ne pas laisser égorger mes frères, pour les aider puisqu’on nous attaque. Je le fais de grand cœur et le plus simplement du monde cherchant à m’effacer le plus possible sans jamais me dérober à aucune difficulté. D’ailleurs, mes chefs ont dû le remarquer, c’est pour cela qu’ils m’ont choisi pour les misions excessivement graves et ont l’air d’avoir une certaine confiance en moi, j’en suis touché, mais n’en tire aucune vanité puisque c’est mon Devoir. Ne hais pas le Boches, prie pour eux.« 

Lettre du soldat Le Denen à son épouse (28 octobre 1915)

Source : Site internet des Évêques de France