commémorations et mémoire

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Inauguration des 16 croix : discours de Christophe Moyen

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs en vos titres et grades respectifs,

Permettez-moi, à mon tour, de vous souhaiter la bienvenue en cette belle journée dans le cimetière de notre village.

Il y a quatre ans déjà, nous étions réunis dans le cadre des commémorations du centenaire du début de la première guerre mondiale, durant lesquelles nous avons inauguré une stèle commémorative à l’ancien cimetière militaire de la MALADRERIE.  Cimetière dont, vous vous en souvenez certainement, il ne subsiste que quelques vestiges à proximité de la stèle.  En effet, ce cimetière réalisé par les troupes d’occupation en 1918 fut vidé de ses dépouilles après la fin de la guerre.  Les personnes d’origines Belges identifiées sont renvoyées vers leurs communes respectives; les autres vers le cimetière d’honneur de MARCHOVELETTE (au Nord de NAMUR); les Français sont transférés vers le cimetière d’honneur de DINANT (pas loin de la citadelle); tandis que les Allemands seront transférés vers les cimetières d’honneur de VLADSLO et LANGEMARK en Flandre occidentale (non loin de DIXMUIDE).  Finalement, le cimetière de la Maladrerie fut rapidement démantelé et disparu.

Courant 2016, le hasard et la chance ont permis de retrouver 17 croix en marbre rose semblant provenir du cimetière de la MALADRERIE dans un jardin de ROMEDENNE.  Seize d’entre-elles sont en parfait état de conservation.

Grâce à la clairvoyance des occupants des lieux (monsieur Luc RYNEDICK et son fils Nicolas); mais aussi à la collaboration de collectionneurs désintéressés (messieurs Xavier HUBERLAND et Philippe DERIDDER tous deux présents parmi nous aujourd’hui), elles ont pu être formellement identifiées.  Que tous ces intervenants soient, ici, publiquement remerciés.

Dans le cadre du « devoir de mémoire’, le comité du groupement des associations patriotiques de SAINT-AUBIN a pu en faire l’acquisition afin de leur offrir une place dans le cimetière du village aux côtés des dépouilles des deux militaires décédés durant la seconde guerre mondiale qui y sont inhumés.

Merci également aux autres partenaires qui ont permis (un an et demi plus tard) l’aboutissement du projet.  Je citerai ici, parmi tant d’autres : la commune de FLORENNES, l’Agence Wallonne du Patrimoine, la Province de NAMUR, l’ASBL Qualité Village Wallonie; ainsi que toutes les « petites mains » et les « gens des coulisses » sans qui nous ne pourrions être là aujourd’hui.

Nous sommes ici aujourd’hui afin de rendre les Honneurs à ces hommes, d’ici ou d’ailleurs qui; par les circonstances tragiques de la guerre ont offert le sacrifice ultime qu’est le don de leurs vies pour leur pays; et ce, au détriment de leurs familles et amis.

Seize croix sont donc maintenant dans notre jardin d’Honneur. Dix d’entre-elles réfèrent à des militaires Allemands, trois à des militaires Belges et trois autres à des militaires Français (dont deux d’origine Algérienne).

Je vous propose de rendre un hommage à ces soldats disparus il y a un siècle; mais aussi, à tous ceux qui actuellement sont déployés tant en territoire national qu’à l’étranger afin de garantir la paix et la sécurité dans le monde; et ce, au sacrifice de leurs proches, voire malheureusement de leurs vies.

Comme déjà évoqué par René, se trouve parmi nous la petite-nièce d’un de ces héros malgré lui, madame Claire LAFFUT; qui veut ainsi rendre hommage à son grand-oncle Joseph LAFFUT, décédé le 24 août 1914 à l’âge de 30 ans.

Dorénavant, notre cimetière aura un autre visage; 20 militaires morts durant les deux guerres y sont déronavant cités aux côtés d’un militaire mort en service commandé en 1955 et 4 victimes civiles de la guerre 40-45.

Je vous remercie pour votre attention, ainsi que votre présence qui témoigne de l’importance et du respect que vous accordez à ces soldats, à nos soldats et à leurs familles.

Christophe Moyen, AdjtMaj
Adjudant de Corps de l’EM Ops et Trg

Le 16 septembre 2018 – Réhabilitation de 16 croix au cimetière de Saint-Aubin.

Vernissage des expos 14-18 : discours de Christine Lauvaux sur Eugène Lambot

Si je suis ici ce soir, c’est pour vous parler en quelques mots de mon arrière-grand-père, Eugène Lambot. Bien sûr, ni mon papa ni moi n’avons eu la chance de le connaître mais notre enfance a été bercée par les dires de ma grand-mère, sa fille, Eugénie qui vouait une réelle admiration à son papa.

Ma grand-mère n’a connu son papa qu’amoindri et diminué par les effets de la guerre et par les trois blessures dont il fut victime, surtout la dernière qui le laissera infirme à 90 %, en raison des 18 blessures qu’il a subies. Pourtant ma grand-mère m’a toujours parlé de lui comme de quelqu’un de courageux, aimant la vie et luttant chaque jour pour continuer à vivre dignement.

Ne sachant plus se servir de son bras droit, il n’a pas lâché prise et a appris à écrire à la main gauche. C’est en se servant d’une écriture qui, à force d’efforts, était devenue superbe qu’il est devenu secrétaire communal à Somzée.
Ne sachant plus marcher correctement, il se déplaçait grâce à une charrette tirée par un Saint-Bernard nommé Joly, il reçut ensuite une voiture que seule ma grand-mère pouvait conduire. Ils passaient beaucoup de temps ensemble et se confiaient l’un à l’autre.

Toujours avec beaucoup d’émotion, ma grand-mère me racontait les tranchées, le froid, les orteils gelés, les gaz allemands qui brûlent les poumons et la misère de ces quatre longues années de guerre mais elle me racontait aussi le courage, l’abnégation, l’empathie dont son papa avait fait preuve pour mener sa vie d’après guerre.
Elle me racontait aussi la rencontre entre ses parents à l’hôpital militaire. Mon arrière-grand-père a survécu à la guerre jusqu’en 1937 sans jamais se plaindre mais en rappelant quotidiennement à ses enfants ce qu’est vraiment la misère quand ils rouspètaient pour aller chercher le bois ou faire leurs corvées.

Il s’est éteint calmement et silencieusement à l’âge de 47 ans, brisé, handicapé, infirme et suffoquant à chaque respiration.

Mon arrière-grand-père, Eugène Lambot ne mesurait qu’1m61 mais c’était un grand homme car c’est grâce à des gens comme lui que notre peuple et nos valeurs démocratiques existent encore aujourd’hui, nous ne devons jamais oublier que notre liberté repose sur la souffrance de tous ces hommes et femmes qui ont donné leurs vies pour sauver la nôtre.

 

(s) Christine Lauvaux Le 14 septembre 2018

Vernissage des expos 14-18 : discours de Marie-Paule Grison sur Melle Boulvin

Profitant de ma venue à Saint-Aubin pour la commémoration du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, je voudrais vous parler d’une Grande Dame de St-Aubin, pour laquelle j’ai une profonde admiration. J’ai nommé Marguerite Boulvin, infirmière de son état.

Elle s’engagea dans la croix rouge et participa à la guerre 14-18.
Elle fut d’une générosité et d’un courage exemplaires. Elle se dévoua sans compter pour les soldats blessés.

C’était une dame d’une grande humanité. Elle alla même jusqu’à Paris pour soigner dans un hôpital militaire. Elle reçu de la France, la Médaille du Mérite. Elle continua, après la guerre, à exercer son métier auprès du Dr Paul Rolin, à Florennes, lui qui avait créé un dispensaire anti-tuberculeux.

Dévouée sans cesse pour les autres, elle garda en accueil, des jeunes enfants des villes, pour le bon air de la campagne et la nourriture, si rare en ces débuts 1940. Pensionnée, elle répondait encore aux appels des villageois, en cas de besoin.
Quand elle décéda et que je repris le chemin du retour, après ses funérailles, son amie Aline m’a dit : « Elle a « passé » en faisant le bien » !

N’oubliez jamais Marguerite Boulvin.

 

Marie-Paule Grison
Le 14 septembre 2018

Vernissage des expos 14-18 : discours de Claudine Hesmans sur Camille Noël.

Mesdames, Messieurs,

Bonjour et bienvenue à Saint-Aubin, petit village oh combien sympathique, vivant et rempli d’histoire.
Merci à M. René Lebrun qui me permet, ce jour, de prendre la parole afin de dire quelques mots de mon regretté grand-père, Camille Noël, plus communément appelé Camille Trock. Cela en rapport à son métier de l’époque, « chiffonnier », autrement dit chez nous « marchand de loques ». Et oui, ce métier, à l’époque, faisait vivre un ménage et était souvent pratiqué par de braves gens, simples, généreux et toujours de bonne rencontre. C’était cela mon grand-père et j’en suis toujours restée fière.

Mais sa vie ne fut pas toujours facile. Agé d’à peine 20 ans, comme beaucoup de jeunes, il s’est fait enrôler pour partir à la guerre, avec crainte, certes, mais aussi avec fierté, pour défendre son pays sur les champs de bataille, dans les boyaux de la mort sur l’Yser où il faillit perdre la vie à plusieurs reprises.

Ensuite, il connut la guerre 40-45 où, après l’exode, comme beaucoup, il revint chez lui, à Florennes, avec sa famille, pour constater que sa maison était complètement détruite. C’est à ce moment qu’il s’installa à Saint-Aubin, à la ferme Olivet, rue Hurtebise, avant d’acheter sa maison rue de la Bruyère, pour y finir ses jours, en s’occupant de son épouse devenue aveugle. De leur union, sont nés sept enfants et malheureusement, ils perdirent une fille, à l’âge de 37ans, d’une leucémie foudroyante.

Quand je pense à mon grand-père, je le revois assis sur son banc, sa casquette vissée sur la tête, fumant une pipe ou mâchonnant une chique de tabac. Il allait aussi quelques fois jouer aux quilles au café Duchène et quand il mettait sa casquette de travers, c’est qu’il avait bu un coup de trop… Mais sa plus grande passion, c’était la course cycliste où il supportait, avec fierté, son fils Ernest qui était un excellent coureur sur le plan régional ; il fut, d’ailleurs, un grand ami de Pino Cérami.

Il y aurait encore tellement de choses à dire à son sujet, tellement cet homme était attachant, mais m’éterniser serait prendre du temps aux personnes qui doivent me succéder à ce micro.

Pour terminer, je voudrais remercier les associations patriotiques de Saint-Aubin et tous leurs partenaires, de perpétuer le souvenir de tous ces hommes et femmes qui ont souffert où qui sont morts pour notre liberté. Je vous remercie de m’avoir écoutée.

 

(s) Hesmans Claudine.

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